Bon, d'accord, je l'admets, le titre de cette chronique est un tantinet provocateur. Et pourtant !
La lecture d'un petit entrefilet paru sur le site de la Libre en ligne m'a rappelé une série de réflexions sur l'écologie entamée il y a bien longtemps, à l'époque où j'étudiais la problématique des écobilans sur les bancs de l'université. En gros, cet article nous rappelle une évidence : produire des biocarburants consomme de l'eau, et l'eau non salée est un bien rare sur cette planète.
Comme souvent lorsqu'il s'agit de "prendre des décisions" pour "sauver la planète" et "tenir compte des générations futures", la réflexion sous-jacente en matière de biocarburants a été réduite à la portion congrue. D'abord, il y a le désastre du bioéthanol produit à base de maïs aux Etats-Unis, qui a eu pour effet une envolée des prix du maïs. A présent, nos amis les écologistes réalisent enfin que, outre le monstrueux cynisme qui consiste à utiliser des céréales pour produire de l'essence alors que la faim dans le monde est encore un problème, l'augmentation de la production de céréales :
- nécessitera une déforestation, ce qui n'est pas idéal lorsqu'on cherche à augmenter l'absorption de CO2 par la biomasse
- consommera beaucoup d'eau, surtout si la production se fait à partir de maïs. En effet, cette plante est extrêmement avide d'eau. Entre parenthèses, le magazine The Economist avait, en 2005 déjà, attiré l'attention sur le rôle du secteur agricole dans les sécheresses qui frappent l'Espagne chaque été (l'article est ici, mais n'existe pas en version gratuite).
- ne résout pas le fond du problème, qui est l'utilisation de la combustion du carbone pour produire de l'énergie
- ne sera pas efficace tant que les marchés agricoles et les marchés liés (comme celui de l'eau) ne sont pas entièrement libéralisés afin que les prix reflètent la rareté des ressources employées.
Si l'on veut réellement "sauver la planète", faisait remarquer Bjorn Lomborg il y a quelques années, il serait peut-être temps de se poser les vraies questions et d'analyser la situation en se débarrassant des a-priori qui font que la plupart des solutions mises en avant actuellement consistent à creuser un trou pour en reboucher un autre.
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